Pourquoi la bienveillance n'est pas une faiblesse mais une nécessité
Les neurosciences le prouvent : la bienveillance n’est pas une faiblesse, mais une condition essentielle au bon développement du cerveau de l’enfant.
Pauline B
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Dans les métiers de la petite enfance, on entend souvent :
“Il faut être bienveillant, mais pas trop.”
“Oui, la douceur c’est bien, mais il faut aussi savoir poser des limites.”
Et si la bienveillance n’était pas une attitude “gentille”, mais une nécessité biologique ?
Si elle ne relevait pas d’un “style éducatif”, mais d’une compréhension fine du cerveau de l’enfant ?
Les neurosciences affectives et sociales nous apprennent que l’attitude de l’adulte influence directement la construction cérébrale, émotionnelle et relationnelle du jeune enfant.
La bienveillance n’est donc pas un luxe, mais le terreau même du développement humain


3. Bienveillance ≠ laxisme : poser des limites sécurisantes
Être bienveillant, ce n’est pas “laisser tout faire”. C’est poser un cadre clair dans un climat sécure.
L’enfant a besoin de prévisibilité pour se sentir en confiance.
“Tu as le droit d'être en colére, mais il est interdit de taper". Réagissez calmement, gardez la limite tout en soutenant la régulation émotionnelle.
Ce type d’attitude favorise la maturation du cortex préfrontal, zone du cerveau liée à l’autocontrôle et à l’empathie.
En pratique :
Reformuler la règle sans crier : “Je sais que tu veux… mais ici, on fait autrement.”
Prévenir les transitions : “Dans 2 minutes, on va ranger.”
Féliciter l’effort plutôt que le résultat : “Tu as essayé, bravo d’avoir persévéré.”
Rester présent pendant la frustration : la présence physique soutient la sécurité intérieure.
1. Le cerveau de l’enfant : un chantier en pleine construction
À la naissance, le cerveau d’un enfant est une fabrique en activité permanente : chaque seconde, il crée entre 700 et 1 000 nouvelles connexions neuronales
Ces connexions se forment, se renforcent ou s’effacent selon ce que vit l’enfant, et selon le climat émotionnel dans lequel il grandit.
Autrement dit, chaque mot, chaque regard, chaque geste bienveillant structure le cerveau.
Ce que l’enfant ressent, il l’inscrit dans ses circuits neuronaux.
L’amygdale cérébrale, qui gère la peur et les émotions fortes, est déjà très active dès la naissance.
Mais le cortex préfrontal, qui permet de raisonner, d’attendre, de se calmer ou d’analyser une situation, mettra près de 25 ans à se développer complètement
Un jeune enfant ne peut pas encore se calmer seul ni "obéir" sous le coup de la colère.
Il a besoin d’un adulte régulateur, pas d’un adulte dominateur.
En pratique :
Parler lentement, avec douceur : le ton de la voix apaise le système nerveux
Offrir un regard sécurisant avant de donner une consigne
Prévoir des temps de retour au calme (lecture, musique douce, câlin, pause cap sensoriel)
Soutenir la régulation émotionnelle par la présence, non par la contrainte
💡 Le saviez-vous ?
Quand l’adulte prend l’enfant dans ses bras après une colère, le rythme cardiaque de l’enfant ralentit et le sien aussi : leurs systèmes nerveux s’accordent
2. Pourquoi la bienveillance est indispensable
Être bienveillant, ce n’est pas “tout permettre”.
C’est comprendre ce que le cerveau de l’enfant est prêt à vivre, et ajuster sa réponse en conséquence.
Lorsqu’un enfant pleure, crie ou tape, son cerveau est en état d’alerte.
S’il reçoit des cris ou une punition, le cerveau active son système sympathique (qui n'a que le nom !) et se met à sécréter du cortisole. L'enfant est en état de stress.
Or, un stress prolongé ralentit la maturation neuronale et perturbe la mémoire.
À l’inverse, un mot apaisant, une main posée doucement sur l’épaule, une présence stable favorisent la sécrétion d’ocytocine (l’hormone du lien et de la sécurité).
Cette hormone renforce la confiance, la curiosité et l’envie d’apprendre.
Un climat bienveillant réduit le stress, améliore la concentration et renforce les apprentissages.
C’est aussi un facteur de santé mentale durable pour l’enfant comme pour le professionnel.
En pratique :
Accueillir les émotions avec des mots simples : “Je vois que tu es triste, je t’écoute.”
Être constant : un même cadre rassure, les variations désorientent.
Prévenir avant de corriger : l’enfant comprend mieux dans le calme.
Observer les signes de saturation sensorielle : se couvrir les oreilles, se cacher, pleurer…
🌿 “La sécurité affective n’est pas un confort éducatif, c’est un besoin vital du cerveau humain"
Pour conclure :
la bienveillance est une exigence du vivant. Elle n’est ni une faiblesse, ni une mode.
C’est la seule voie compatible, pour répondre au besoin du développement humain.
Elle façonne le cerveau, structure la confiance et soutient les apprentissages.
Être bienveillant, c’est parler la langue du cerveau de l’enfant.
Et c’est aussi, chaque jour, prendre soin du nôtre.


💡 Le saviez-vous ?
Les enfants élevés dans des environnements où les adultes combinent repéres clairs et bienveillance développent plus tôt des compétences d’autorégulation et d’empathie
Pourquoi c’est essentiel ?
Le cerveau de l’enfant est immature et sensible au stress
Un climat calme favorise la concentration, la mémoire et la curiosité
Les émotions fortes bloquent les zones d’apprentissage
L’enfant apprend mieux dans la sécurité affective
Les interactions bienveillantes stimulent la plasticité neuronale
Le langage, la logique et l’attention se développent plus harmonieusement
L’attitude de l’adulte modèle le comportement social
L’enfant apprend à coopérer, à attendre, à se réguler
Et pour les professionnelles ?
Adopter la bienveillance, c’est aussi prendre soin de soi
Les pratiques dures épuisent, les postures empathiques nourrissent
Travailler dans le calme et la compréhension réduit le stress, améliore le climat d’équipe et redonne du sens au métier
Un collectif bienveillant renforce la cohésion, la prévention du burn-out et la qualité d’accueil des enfants.
🌿 “On ne peut pas apaiser un enfant si l’on est soi-même en tempête.”
En pratique :
Prendre un temps d’équipe après une situation difficile
Nommer ses émotions entre collègues sans jugement
S’autoriser à dire “j’ai besoin d’aide”
Se former régulièrement : la connaissance protège du découragement
🌿"La bienveillance demande une grande force intérieure et une certaine maîtrise de soi"
💫 Galaxie Pitchoun — pour des pratiques éclairées, au service du bien-être des tout-petits et de ceux qui les accompagnent
by Pauline Bersier


