Le management bienveillant dans les structures d’accueil : utopie ou avenir ?

Et si le management bienveillant était l’avenir des structures d’accueil ? Confiance, autonomie, cohésion : un modèle durable pour les équipes et les enfants.

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Utopie ou avenir ?

Le mot “management” peut encore crisper dans les structures petite enfance.

Il évoque parfois des décisions descendantes, des tableaux de suivi ou des réunions trop longues… alors que le cœur du métier, lui, repose sur la relation humaine.

Et pourtant : c’est précisément là que se joue l’avenir du secteur.

Le management bienveillant n’a rien d’une posture “gentille”.

Il s’appuie sur les neurosciences, sur la psychologie du travail et sur une conviction forte : un collectif qui se sent respecté, écouté et reconnu peut réellement accompagner les enfants avec justesse et stabilité.

3. Prendre soin de ceux qui prennent soin

Impossible d’attendre d’une équipe qu’elle soit patiente, empathique et disponible… si elle-même n’a pas accès à ces conditions dans sa relation au management.

Les recherches en psychologie positive (Fredrickson, 2011 ; CNRS, 2021) montrent que la reconnaissance professionnelle est l’un des plus puissants moteurs du bien-être.

Elle augmente la motivation, réduit les tensions émotionnelles, améliore la coopération et diminue le turnover.

La qualité d’accueil repose donc en grande partie sur la qualité du management.

En pratique :

  • Ouvrir chaque réunion par une réussite observée dans l’équipe.

  • Formuler des feedbacks précis et authentiques : “J’ai vu comment tu as accompagné la séparation ce matin, c’était vraiment ajusté.”

  • Encourager la formation continue comme un espace de valorisation, pas comme un correctif.

  • Nommer la fatigue lorsqu’elle apparaît et proposer des ajustements possibles..

1.De la bienveillance à la cohérence : comprendre le sens profond

La bienveillance n’est pas un supplément d’âme dans un projet éducatif.

C’est une compétence managériale, étayée par de solides travaux scientifiques.

Les neurosciences sociales montrent que la perception de soutien active dans le cerveau les circuits associés à la motivation, à la confiance et à l’engagement (Davidson, 2012 ; Rizzolatti, 2004).

Concrètement, lorsqu’un professionnel se sent compris et considéré, son cerveau libère davantage d’ocytocine : hormone clé du lien, du bien-être et de la coopération.

Un management bienveillant, c’est un management avec sens, cohérence et respect des besoins humains.

En pratique :

  • Donner du sens aux consignes plutôt que de demander d’exécuter.

  • Expliquer le “pourquoi” avant d’exposer le “comment”

  • Aligner le discours et les actes pour éviter l’incohérence, grande source de stress émotionnel.

  • Identifier ses propres zones de tension managériale pour ajuster sa posture.

🌿 La cohérence donne de la sécurité, la sécurité donne de la confiance

2. Du contrôle à la confiance : un changement culturel

Pendant longtemps, le management en EAJE (et ailleurs !) s’est appuyé sur un modèle vertical : on décide “en haut”, on exécute “en bas”.

Mais ce fonctionnement est aujourd’hui largement remis en question.

Selon l’ANACT (2022), 60 % des professionnels du secteur social et médico-social ressentent un manque d’autonomie, pourtant indispensable à la motivation et à la qualité de vie au travail.

Le management bienveillant adopte l’approche inverse : confiance d’abord, accompagnement ensuite.

Il s’agit d’un management plus horizontal, où chacun peut contribuer, proposer, co-construire.

En pratique :

  • Donner des marges de décision sur l’aménagement, les rituels, les projets.

  • Pratiquer la délégation réelle (et non symbolique).

  • Faire circuler la parole dans les réunions avec des tours de météo émotionnelle.

  • Réserver des espaces pour les idées (boîte à initiatives, notes collaboratives, ateliers d’équipe).

🌿 « Quand on fait confiance, on récolte l’engagement »

Pour conclure :

Le management bienveillant n’est donc ni une utopie, ni une douceur optionnelle : c’est une compétence, une culture et une vision profondément humaines.

Il transforme l’atmosphère d’une équipe, soutient la santé psychologique des professionnels, et crée les conditions d’un accueil réellement sécurisant et chaleureux pour les enfants.

Quand les adultes se sentent respectés, reconnus et soutenus, ils peuvent offrir le meilleur d’eux-mêmes ... et les enfants le ressentent immédiatement.

Le management bienveillant n’est pas un idéal lointain : c’est un chemin à emprunter ensemble, un acte politique du quotidien, et une promesse d’avenir plus humain.

🌿 « Une équipe soutenue devient naturellement une équipe soutenante»

🌿“Une équipe qui parle est une équipe qui respire.”

4. Installer une culture du dialogue plutôt que du silence

Les tensions en équipe viennent rarement d’un événement isolé : elles naissent des non-dits, des malentendus, du manque de clarification.

Le management bienveillant crée un cadre où on peut parler vrai, sans crainte d’être jugé.

Il s’appuie sur la CNV (Communication Non Violente), sur l’écoute active, et sur la reconnaissance mutuelle.

Les recherches d’Amy Edmondson (Harvard) sur la sécurité psychologique montrent que les équipes où la parole est libre (dans le respect) sont plus performantes, plus créatives et moins sujettes à l’épuisement.

En pratique :

  • Instaurer des temps courts mais réguliers d’expression émotionnelle.

  • Utiliser la reformulation pour éviter les interprétations.

  • Légitimer les ressentis : “C’est ok que tu te sentes dépassée aujourd’hui.”

  • Encourager la résolution collective plutôt que les décisions imposées...

5. Ancrer la vision : un management qui donne du sens au collectif

Un management bienveillant n’est pas seulement basé sur des attitudes : il s’appuie aussi sur une vision claire.

Une équipe a besoin de savoir où elle va, pourquoi elle y va, et comment chaque professionnel contribue au projet commun.

Les neurosciences motivationnelles (Deci & Ryan, 2000) rappellent qu’un travail a d’autant plus de sens qu’il nourrit trois besoins fondamentaux :

  • l’autonomie,

  • la compétence,

  • le lien aux autres.

Un management qui nourrit ces trois dimensions crée un environnement où les professionnels peuvent s’épanouir... Et ceux, malgré les contraintes du terrain.

En pratique :

  • Rappeler régulièrement les valeurs de la structure : respect, accueil, non-violence, coopération.

  • Donner de la visibilité : “voilà les priorités du mois, et voilà comment chacun y contribue.”

  • Célébrer les étapes franchies pour renforcer le sentiment de progression collective.

  • Donner accès à des ressources (articles, formations, analyses de pratiques) pour nourrir la réflexion professionnelle.

🌿“Le sens est le moteur invisible qui soutient l’énergie du collectif.”

💫 Galaxie Pitchoun — pour des pratiques éclairées, au service du bien-être des tout-petits et de ceux qui les accompagnent

by Pauline Bersier