Le bien-être des enfants passe par celui des adultes qui les accompagnent

Le bien-être des enfants dépend du bien-être des adultes qui les accompagnent. Découvrez ce que disent les neurosciences et comment prendre soin des équipes.

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Dans les structures d’accueil, tout le monde s’accorde sur une évidence : pour qu’un enfant grandisse bien, il a besoin d’un environnement sécurisant, stimulant et bienveillant.

Mais on oublie parfois que ce climat ne dépend pas uniquement de l’aménagement ou du projet éducatif…

Il repose avant tout sur l’état intérieur des adultes qui accompagnent.

Les enfants absorbent les ambiances, les émotions, les postures.

Leur cerveau, encore immature, est une véritable éponge émotionnelle : il ressent avant de comprendre.

Et c’est pourquoi, en petite enfance, le bien-être des professionnel.les n’est pas superflu. C’est une condition essentielle au développement de l’enfant.

3. Prendre soin des professionnels, c’est prendre soin de la qualité d’accueil

Soutenir le bien-être des équipes, ce n’est pas du confort !

C’est de la prévention éducative et organisationnelle.

Les recherches sur la qualité de vie au travail, montrent que les équipes disposant de :

  • Temps de régulation réguliers,

  • Espaces d’écoute,

  • Management participatif et valorisant,

Présentent moins d’épuisement professionnel, moins de turn-over, et une meilleure qualité d’accompagnement.

Une équipe écoutée se sent reconnue et soutenue. Les pratiques deviennent plus cohérentes, les tensions diminuent, et l’accueil gagne en stabilité.

En pratique :

  • Mettre en place un temps d'échange mensuel pour partager les réussites, pas seulement les difficultés.

1. Ce que disent les neurosciences: des cerveaux qui se répondent

Les travaux de Daniel Siegel (2001) ou de Boris Cyrulnik (2019) l’ont largement montré: le cerveau de l’enfant se construit dans la relation.

Lorsqu’un adulte est calme, empathique et présent, il aide le cerveau de l’enfant à se réguler.

À l’inverse, un adulte stressé ou épuisé transmet, malgré lui, des signaux d’insécurité.

Ce phénomène s’explique par l’action des neurones miroirs : nos émotions se reflètent dans celles des autres.

Une voix douce, un regard posé, une respiration apaisée activent chez l’enfant les circuits du système parasympathique, celui de la détente et de la sécurité.

Un professionnel régulé aide l’enfant à réguler son propre stress. Chaque moment de calme partagé devient un acte éducatif en soi.

En pratique :

  • Avant d’intervenir auprès d’un enfant agité, prendre une respiration lente, poser son regard, ajuster sa voix. Son calme devient sa boussole intérieure.

💡 Le saviez vous ?

Un simple contact visuel apaisé peut réguler le rythme cardiaque d’un tout-petit en seulement quelques secondes.

2. Le climat émotionnel, un facteur clé du développement

Les neurosciences affectives montrent que le stress chronique perturbe les apprentissages et la mémorisation.

Un enfant qui ressent de la tension autour de lui mobilise son énergie à se protéger, pas à explorer.

À l’inverse, dans un climat apaisé, son cerveau libère des hormones de bien-être: ocytocine, sérotonine, dopamine, qui favorisent la curiosité, le jeu et l’attachement.

Et ce climat émotionnel dépend… des adultes ! De leur posture, de leur stabilité émotionnelle, de leur cohésion.

Les émotions de l’adulte sont contagieuses, dans un sens comme dans l’autre.

Quand les professionnels se sentent bien, les enfants deviennent plus calmes, confiants et disponibles.

En pratique :

  • Instaurer un rituel d’équipe simple : se demander chaque matin “comment je me sens aujourd’hui ?” avant d’accueillir les enfants. Ces petits temps de mise au point émotionnelle réduisent le stress, l'anxiété et augmente les performances cognitives.

💬 “Un enfant ne peut pas s’apaiser dans un monde d’adultes tendus.” Boris Cyrulnik

Pour conclure :

Le bien-être de l’enfant ne se décrète pas, il se transmet — par contagion émotionnelle, cohérence relationnelle, et humanité partagée.

Prendre soin de ceux qui prennent soin, c’est le premier acte éducatif.

Parce qu’un adulte épanoui, reconnu et soutenu offre naturellement aux enfants ce dont ils ont le plus besoin : une présence stable, chaleureuse et profondément sécurisante.

💡 Le saviez-vous?

Selon l’INRS, 80 % des professionnels de la petite enfance déclarent que la reconnaissance et le soutien de leur hiérarchie influencent directement leur plaisir de travailler.

4. Le rôle du collectif : créer une écologie émotionnelle positive

Le bien-être au travail ne repose pas que sur les dirigeants : il se construit dans les liens du quotidien.

Savoir dire merci, offrir une pause à une collègue fatiguée, rire ensemble, proposer une boisson après une matinée dense…

Ces petits gestes nourrissent la reconnaissance mutuelle et renforcent le sentiment d’appartenance, essentiels à la motivation.

Les émotions circulent dans les équipes comme dans les groupes d’enfants.

Créer une écologie émotionnelle positive, c’est cultiver la gratitude, le soutien et le sens partagé.

Le collectif est un espace vivant qui régule les stress individuels. Chacun se sent à la fois responsable de soi et partie prenante d’un tout.

En pratique :

  • Mettre en valeur les forces de chaque membre de l’équipe : une affiche “nos talents” dans la salle de pause ou un rituel de remerciement collectif chaque vendredi.

🌿 “On ne peut rien verser d’un verre vide.”

💬 "Les émotions se transmettent plus vite qu’un mot ne se prononce.” Catherine Gueguen

5. Repenser la posture : prendre soin de soi pour mieux prendre soin des autres

Prendre soin de soi, ce n’est pas être égoïste.

C’est reconnaître que notre disponibilité émotionnelle a des limites et que la qualité de notre présence dépend de notre équilibre personnel.

Faire une pause, respirer, rire, sortir dehors avec les enfants, déléguer, exprimer ses émotions, demander du soutien : autant de micro-actes de bienveillance envers soi-même qui maintiennent la vitalité professionnelle et nourrissent le plaisir de travailler ensemble.

Un adulte apaisé est un modèle de régulation et de confiance. Le bien-être devient contagieux, du professionnel à l’enfant, et de l’enfant au groupe.

En pratique :

  • Autoriser une “pause ressource” de 3 minutes après une situation difficile : respirer, marcher, se reconnecter à soi avant de revenir auprès des enfants.

🌿 “ Les équipes heureuses font les enfants heureux.”

🌿 “Un enfant n’a pas besoin d’adultes parfaits, mais d’adultes apaisés.”

💫 Galaxie Pitchoun — pour des pratiques éclairées, au service du bien-être des tout-petits et de ceux qui les accompagnent

by Pauline Bersier