3 découvertes en neurosciences à connaître quand on travaille avec les jeunes enfants
Découvrez trois clés des neurosciences pour mieux comprendre et accompagner le développement des jeunes enfants au quotidien
Pauline B
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Imaginez... un matin, dans la structure : un enfant se penche au dessus d'un bac sensoriel, il glisse ses doigts dans le sable, puis observe les grains s’écouler. Un.e professionnel.le s'adresse doucement à lui : « Tu vois ce qui se passe ? » Le regard de l’enfant s’illumine.
Travailler auprès des tout-petits, ce n’est pas seulement « les occuper » ou « les surveiller ». C’est les accompagner sur la plus grande des aventures : la construction de leur cerveau, de leur personnalité, de leurs émotions. Chaque geste, chaque échange, chaque moment vécu participe à cette œuvre invisible mais absolument capitale.
Les neurosciences, loin d’être réservées aux laboratoires, nous offrent des clés pour comprendre pourquoi nos gestes comptent tant et comment les affiner. Voici trois découvertes essentielles à connaître pour donner encore plus de sens à nos pratiques quotidiennes.
🌿 "Le cerveau du jeune enfant est une véritable machine à se connecter : chaque interaction compte"


3. L’environnement et le jeu : le moteur naturel du développement
Le jeu est le premier langage de l’enfant. C’est en jouant qu’il va comprendre le monde, découvrir ses capacités, développer sa motricité, sa créativité et sa confiance. Les neurosciences confirment aujourd’hui que le jeu stimule simultanément plusieurs zones cérébrales : celles du mouvement, de la mémoire, de la logique… et du plaisir.
Quand on limite le mouvement, qu’on empêche l’exploration ou qu’on multiplie les « non ! », on réduit ses occasions d’apprendre. À l’inverse, un aménagement bien pensé permet à l’enfant d’expérimenter en sécurité, d’apprendre par lui-même, et de renforcer sa confiance.
L’enfant apprend mieux quand il est acteur de ses expériences, quand il peut bouger, tester, recommencer. Cela contribue à des réseaux neuronaux solides, à une meilleure compréhension du monde et à un plaisir d’apprendre durable.
En pratique :
Favoriser le mouvement libre dès le plus jeune âge : solliciter le corps, le déplacement, l’exploration.
Aménager des espaces ouverts, évolutifs : mobilier modulable, coins d’exploration, matériaux à manipuler.
Encourager et valoriser : chaque essai est une victoire, même si le résultat n’est pas « parfait ».
Laisser de la place à chacun : respecter les rythmes, les préférences, les besoins de pause.
Observer avant d’intervenir : parfois apprendre, c’est aussi essayer, échouer, recommencer.
1. La plasticité cérébrale : un cerveau qui se construit à toute vitesse
Le cerveau d’un jeune enfant est un véritable chantier en pleine effervescence. Plusieurs sources évoquent le fait que : « c’est durant la petite enfance, pendant qu’il est en plein développement, que le cerveau se transforme le plus facilement. »
Le cerveau se façonne au contact du monde : il se construit grâce aux relations, au jeu, à la curiosité, à l’exploration, aux émotions vécues. Cette capacité du système nerveux à modifier sa structure et ses connexions en réponse aux expériences vécues s’appelle la plasticité cérébrale.
Chaque moment vécu par l’enfant, même le plus banal, laisse une trace. Quand un enfant manipule, observe, répète un geste, ou est simplement écouté par un adulte attentif, il renforce des circuits neuronaux. Et ces circuits, peu à peu, deviennent des «routes structurées» de la cognition, de l’émotion, de la relation.
Mais attention : plus ne veut pas dire mieux. Le cerveau en construction est vulnérable à la sur-stimulation (trop de bruit, trop d’activités, trop de sollicitations). Un environnement trop saturé peut fatiguer le cerveau, freiner les apprentissages, voire fragiliser les bases.
En pratique :
Offrir un environnement riche mais apaisant : espaces clairs, temps calmes, lumière naturelle, matériaux simples mais variés.
Favoriser le jeu libre : manipulation, exploration, observation, expérimentation sans pression de résultat.
Prévenir la sur-stimulation : plutôt qu’un planning chargé de nombreuses activités rapides, privilégier quelques ateliers bien structurés, bien accompagnés.
Accepter la répétition : ce que certains jugent « ennuyeux » (faire, refaire, tenter encore) est en réalité le cœur de l’ancrage neuronal.
💡 Le saviez-vous ?
Le cerveau du jeune enfant crée jusqu’à 1 000 connexions neuronales par seconde durant les 5 premières années de vie
2. Le cerveau émotionnel : un grand chantier encore en construction
Même s’il semble parfois « comprendre tout », l’enfant ne maîtrise pas encore toutes les fonctions de régulation émotionnelle. Les zones cérébrales responsables de la patience, de l’inhibition, du contrôle (comme le cortex préfrontal) ne seront pleinement matures que bien plus tard.
Lorsqu’un adulte reste calme, sécurisant, et accompagne l’enfant dans ce qu’il ressent, il intervient directement dans la construction du cerveau émotionnel. C’est le principe de la co-régulation : l’adulte sert de modèle et de repère jusqu’à ce que l’enfant puisse progressivement le faire seul.
Un enfant qui se sent en sécurité affective explore mieux, apprend plus facilement, prend confiance. À l’inverse, un enfant stressé ou insécurisé mobilise toute son énergie pour « gérer » ce qu’il ressent, au détriment de la mémoire, du langage, de la curiosité.
L’attachement et la qualité de la relation adulte-enfant sont donc des fondations clés.
En pratique :
Accueillir les émotions sans jugement : « Je vois que tu es en colère/triste, je suis là ».
Nommer les ressentis : donner du vocabulaire et du sens à ce que l’enfant vit.
Prévoir des espaces-temps de calme : où l’enfant peut respirer, se poser, se réguler.
Être un repère stable : votre ton, votre regard, votre constance rassurent davantage que de grands discours.
Valoriser chaque petit progrès émotionnel : apprendre à attendre, à respirer, à dire « stop », ce sont déjà des apprentissages majeurs.
🌿"Quand le parent ou le professionnel se sent reconnu, il transmet inconsciemment un message de sécurité à l’enfant"
Pour conclure :
Nous savons désormais que le cerveau, le corps et les émotions fonctionnent ensemble. Chaque geste professionnel, chaque écoute attentive, chaque espace conçu avec soin participe à bâtir un environnement où l’enfant peut grandir en confiance, curiosité et sérénité.
Et la recherche continue d’avancer : par exemple, les liens entre cerveau et intestin, notre « second cerveau », sont aujourd’hui explorés et mis en évidence.
Poursuivons ensemble cette route passionnante où science, bienveillance et pratique se rejoignent pour offrir aux tout-petits un accompagnement digne de leur potentiel.


🌿"l'enfant, acteur de ses apprentissages"
💫 Galaxie Pitchoun — pour des pratiques éclairées, au service du bien-être des tout-petits et de ceux qui les accompagnent
by Pauline Bersier


